La récession est plus ou moins prise en compte par les marchés. Donc l’annonce d’une baisse d’un PIB ne devrait pas faire des surprises. En revanche si on regarde la chute de fret maritime nous pouvons penser que cette récession serait plus profonde que prévu. Ce type de risque peut se transformer en une chute plus profonde des marchés financiers.
La correction s’est déjà réalisée « by the book » comme on dit. Je constate que les gros risques macro ne provoquent que des corrections modestes sur les marchés financiers. En effet les risques ne cessent de s’ajouter et pourtant le marché baisse au pire de -2% sur les grands indices. Et en plus la tech était valorisée tellement cher que la correction s’imposait depuis un moment. Hors la tech la baisse des marchés est très modeste. Je pense qu’il s’agit d’un phénomène d’absence d’alternative aux actions avec le marché obligataire imprévisible est largement manipulé.
(Sources: Saxo Bank, Bloomberg)
Macro
Les marchés boursiers jouent au yoyo. C’était attendu. Il est de plus en plus difficile d’avoir un peu de visibilité sur ce qui va se passer en bourse à court et à moyen terme. La baisse sur les matières premières agricoles est une surprise pour tous. Il s’agit en réalité plus de problèmes liés au transport et à la répartition qu’à un réel sujet de pénurie. Les flux de capitaux continuent de sortir des pays émergents pour se recycler aux Etats-Unis. Les flux de sortie sont massifs depuis quelques semaines pour l’Inde, par exemple. Plus personne ne souhaite être exposé aux émergents. C’est assez normal. Enfin, les analystes commencent le douloureux travail de réviser à la baisse les anticipations de résultats. Pour l’instant, cela reste modeste. Il faudra aller plus loin. C’est évidemment un point qui va limiter le potentiel de rebond à moyen terme des places boursières. Sur le marché des changes, la surperformance du real brésilien face au dollar américain était LE sujet du début d’année. Maintenant, c’est l’effondrement de l’euro qui est le point d’attention central. La paire EUR/UD est en bonne position pour atteindre la parité d’ici la fin de l’année. Il ne reste plus que deux niveaux de support à franchir pour y parvenir. L’euro faible va rapidement devenir un casse-tête pour la Banque Centrale Européenne qui ne peut pas tolérer que l’inflation importée augmente substantiellement du fait de la baisse du taux de change. L’été ne sera pas calme. Nous le savions déjà. Mais c’est important de le rappeler.
Fret maritime
Les taux de fret maritimes continuent de chuter. C’est le signe que le ralentissement économique est certainement plus profond que prévu. C’est inhabituel. D’habitude, l’été est la période pendant laquelle les taux augmentent le plus. Afin de s’adapter à la baisse de la demande et des coûts, les compagnies maritimes ajoutent des blank sailings. Cela signifie qu’elles privilégient plus certaines routes commerciales que d’autres. Certaines compagnies ont même des stratégies très agressives en la matière. L’Alliance 2M (Maersk et MSC) ont réduit jusqu’à 71% leurs services vers la mi-mai selon les dernières données disponibles. Beaucoup de compagnies font le choix de desservir les grandes routes commerciales Est-Ouest au détriment des routes secondaires. La seule bonne nouvelle, c’est que la fiabilité des porte-conteneurs s’est un peu améliorée depuis quelques semaines pour les départs depuis l’Asie.
Chute du pétrole
Il est difficile d’avoir de la visibilité sur le marché pétrolier. La crainte d’une récession aux Etats-Unis et des facteurs techniques (marché momentum) ont poussé le WTI et le Brent à la baisse ces dernières semaines. Le WTI a baissé de 15% en variation mensuelle, par exemple. Beaucoup de banques d’investissement de premier plan prévoient une baisse significative du cours du baril d’ici la fin de l’année : cible à 65 dollars pour Citigroup et JPMorgan a mis en garde contre des prévisions de cours exagérées. Rien n’est certain. La baisse pourrait être de courte durée. Certains signaux indiquent qu’une reprise de la hausse n’est pas exclue au cours de l’été (l’Arabie Saoudite a augmenté son prix de vente pour le mois d’août à 9,3 dollars le baril et la Russie annonce de nouvelles réductions de ses approvisionnement en pétrole). Ce qui est certain à ce stade c’est que la volatilité va rester élevée sur cette classe d’actifs.
Les États-Unis et leurs alliés ont discuté d’essayer de plafonner le prix du pétrole russe entre 40 $ et environ 60 $ le baril, selon des personnes proches du dossier. La fourchette s’étend de ce que l’on pense être le coût marginal de production de la Russie et le prix de son pétrole avant l’invasion de l’Ukraine le 24 février, ont déclaré les gens. Les pays du G-7 et l’UE ont déjà convenu d’éliminer progressivement l’importation de pétrole russe, mais ce faisant, Moscou a cherché à augmenter les exportations vers d’autres acheteurs à un prix réduit. La Russie tire toujours plus de 600 millions de dollars par jour du pétrole, alors même que plusieurs nations évitent ses approvisionnements.
FED et la hausse des Taux
Les responsables de la Réserve fédérale ont renforcé leur détermination à continuer d’augmenter les taux d’intérêt plus longtemps pour empêcher la hausse de l’inflation de s’enraciner, même si cela ralentissait l’économie américaine. Les décideurs politiques ont soutenu la hausse des taux d’intérêt lors de leur prochaine réunion en juillet de 50 ou 75 points de base, selon le procès-verbal de la réunion du Federal Open Market Committee des 14 et 15 juin publié mercredi. Ils considéraient que le maintien de la crédibilité de la banque centrale pour contrôler l’inflation était crucial, d’autant plus qu’un important indice d’inflation devrait afficher un grand bond plus tard ce mois-ci. Cet indice a été signalé par le président Jerome Powell comme étant en partie à l’origine de la hausse des taux jumbo en juin.
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