Après la journée du hier mon outlook sur les marchés commence à changer. Powell a toujours été très timide et préférait le changement de la politique graduelle et équilibrée. La hausse de 75 points de base a été une surprise pour moi. La BCE, lors de son meeting surprise, a évoqué un instrument magique qui permettrait lutter contre l’inflation en Europe sans présenter les détails. Ca sent de la panique au sein des Banques Centrale. Il me semble que la BCE ne précipite pas de monter les taux. Je pense que c’est la bonne approche. Comme j’ai expliqué dans le dernier Café du Dimanche l’inflation n’est pas monétaire et la hausse de taux en Europe inévitablement créera des problèmes de liquidité et mettra en péril le refinancement des pays du Sud, notamment l’Italie. Et cerise « le gâteau » que cela ne résoudra pas le problème de l’inflation.
Saxo Bank reconnait l’erreur dans leur analyse et utilise le mot « Panique » dans le titre: Nous avons eu tort. La Réserve Fédérale américaine (Fed) a finalement augmenté son taux directeur de 75 points de base (entre 1,50% et 1,75%). On peut interpréter cette décision comme un geste un peu désespéré pour regagner de la crédibilité. Ce qui est certain, c’est que cela envoie un message de panique concernant la dynamique d’inflation mais également l’évolution de la croissance (nous y revenons par la suite en évoquant les licenciements massifs qui ont cours aux Etats-Unis, en ce moment). Il est, dans tous les cas, probable que la Fed n’aura pas d’autre choix que d’être très agressive dans les mois à venir afin de faire refluer l’inflation, avec le risque évident que cela ne précipite l’économie américaine en récession (ou en recessionette, pour reprendre l’expression de mon amie économiste Diane Swonk). Nous pensons toujours que la volatilité va rester élevée à court et à moyen terme sur les marchés financiers. La décision d’hier ne devrait pas permettre une accalmie durable. Le problème lié à la baisse de la liquidité (extrêmement perceptible sur le haut rendement) subsiste.
Ma Stratégie
La hausse des marchés, même en étant tout à fait limitée, me paraît ridicule dans ce contexte. Je vous rappelle mon observation que j’ai évoqué à plusieurs reprises ici, qu’il faut généralement 2 séances pour digérer les réunions des Banques Centrales par les marchés. Ici nous avons eu 2 réunions et en plus le vendredi est une journée d’expiration des dérivés, donc le marché risque d’être illogique. Pour mes Options PUT, j’ai finalement rollé ma position PUT sur le contrat de Septembre. J’ai pris les profit de l’ordre de +60% sur mon PUT de Juin qui expire demain et ré-ouvert un autre pour le mois de Septembre. Je vais publier plus de détails par rapport à l’instrument que j’utilise et le Strike dans mon Club Option Invest.
Dans ce contexte l’or (GOLD) peut redevenir intéressant. J’y investis habituellement à travers l’entreprise Barrick Gold que j’ai vendu il y 4 mois avec un profit de 20%. Je réfléchis sur une idée de reprendre la position dans cette entreprise qui verse en plus un très bon dividende, au cas où je me trompe avec mon analyse et serait amener d’attendre !
Macro
Il n’y a pas que le marché actions qui est en panique. C’est aussi le cas du marché obligataire. Le taux souverain de l’Italie et de l’Espagne est à un point haut depuis 2013. Celui des Etats-Unis a renoué avec son niveau de 2011. On sait très bien qu’il y a un problème avec les banquiers centraux qui sont en retard par rapport au cycle économique et qui ont eu un diagnostic erroné de la situation sur le front de l’inflation. Les valeurs de croissance sont les plus pénalisées (car elles sont plus réceptives à l’évolution des taux). Mais toutes les valeurs souffrent. Les investisseurs n’y croient plus. Pourtant, les marchés ne sont pas très chers (PER de 12 sur le CAC 40, par exemple). Ils cherchent tous (à raison) à sécuriser leurs profits actions. Dans les semaines à venir, il faudra continuer de surveiller la macroéconomie pour espérer avoir un rebond. S’ajoute à cela le VIX (qui est encore très loin des points de vigilance) et les flux actions (qui sont pour l’instant positifs et c’est une lueur d’espoir importante). La seule bonne nouvelle (à relativiser) dans ce contexte : on observe un peu de détente sur l’énergie et les matières premières agricoles qui, au contraire de toutes les autres classes d’actifs, étaient orientés positivement depuis des semaines.
Au niveau microéconomique, les entreprises américaines commencent à ajuster leur business plan à la nouvelle donne économique (inflation permanente et ralentissement de l’activité). Au cours des derniers jours, plusieurs entreprises ont annoncé des réductions d’effectifs importantes : Warner Bros Discovery (coupe de 30% dans les effectifs dédiés à la publicité), Redfin Corporation (8% du total des employés), Compass (10% à cause du ralentissement du marché de l’immobilier), Coinbase (18% des effectifs). Ce n’est certainement que le début. Certaines coupes sont effectives dès cette semaine. Il est donc probable que les chiffres de l’emploi pour juin (publiés début juillet) soient moins bons qu’initialement prévu. La Fed devrait déjà gérer une inflation galopante qui va certainement atteindre 10% dans les trois à quatre mois à venir. S’ajoute à cela un ralentissement plus rapide que prévu du marché de l’emploi.
Une surprise de la FED
Les analystes voient de plus en plus une récession imminente aux États-Unis après une hausse de 75 points de base par la Réserve fédérale et des signes de baisse des dépenses de consommation. Wells Fargo prévoit une “récession légère” à partir de la mi-2023, tandis que Moody’s Analytics a déclaré que les chances d’un atterrissage en douceur sont plus faibles. Le président Jerome Powell a déclaré que la Fed n’était pas là pour faire entrer l’économie en récession, mais a effectivement admis qu’un ralentissement était possible, bien qu’il ait soutenu que ce ne serait pas la faute de la Fed. Les marchés font face à encore plus de turbulences : de nombreux investisseurs affirment que les rendements des bons du Trésor américain à 10 ans, une référence mondiale pour les coûts d’emprunt, devraient atteindre des niveaux jamais vus depuis 2010.
BCE : Outil mystérieux
Un nouvel outil de la Banque centrale européenne pour empêcher les explosions de la dette publique pourrait signifier encore plus d’achats d’actifs, bien qu’avec des détails encore rares, les économistes spéculent sur la forme exacte que l’instrument pourrait prendre. Beaucoup recherchent des indices dans les programmes antérieurs pour endiguer les turbulences du marché après que la réunion d’urgence du Conseil des gouverneurs de mercredi n’ait pas révélé de détails. Goldman Sachs a déclaré que tout nouvel outil signifierait probablement un achat d’obligations flexible entre “les juridictions, la courbe de rendement et le temps”.
Hier, la Banque Centrale Européenne (BCE) a organisé une réunion extraordinaire pour discuter de la fragmentation financière au niveau du marché obligataire de la zone euro (se focalisant essentiellement sur la stratégie de réinvestissement et la possibilité qu’un nouveau mécanisme visant à contenir l’écartement des spread voit le jour dans les semaines à venir). Rien de très nouveau. Pendant ce temps, la tension continue sur le marché obligataire. Elle restait contenue sur l’obligataire italien jusqu’à il y a encore quelques jours. Mais elle se répand désormais dans les autres pays du Sud de la zone euro (Espagne, en particulier). La volatilité a également fortement augmenté. La BCE va devoir annoncer de nouvelles mesures très vite. Nous tablons sur un mécanisme s’inspirant du programme OMT (Opérations monétaires sur titres). Il n’a jamais été activé. Il permet d’acheter dans des quantités illimitées de la dette souveraine d’un pays à condition que ce dernier mette en place un programme de réformes structurelles très cadré. Ce n’est pas acceptable. Il est vraisemblable que les discussions (du point de vue politique) vont porter sur un mécanisme moins contraignant. L’Italie pourrait être le premier pays à en bénéficier si le spread avec l’Allemagne continue de s’écarter (245 points de base contre 120 points de base au début de l’année)
Encore une hausse des Taux
La Banque d’Angleterre devrait procéder à une cinquième hausse consécutive des taux jeudi, les responsables devant s’en tenir à une trajectoire régulière un jour après que les banques centrales des deux côtés de l’Atlantique aient déclenché des feux d’artifice politiques. Les investisseurs et les économistes parient que les neuf décideurs politiques de la banque centrale britannique augmenteront le taux directeur d’un quart de point à un sommet de 13 ans de 1,25% jeudi. Les analystes s’attendent à ce que trois membres fassent pression pour une hausse de 50 points de base. La décision intervient dans le contexte d’une déroute mondiale sur les marchés financiers, avec des craintes croissantes que les banques centrales aient perdu le contrôle de l’inflation.
Crise alimentaire
De hauts responsables européens voient peu de chances que la Russie soit disposée à atténuer les pressions alimentaires mondiales en concluant un accord pour permettre à l’Ukraine de reprendre ses exportations de céréales cruciales, affirmant que le Kremlin considère la crise comme un levier contre Kyiv et ses alliés. Les responsables du gouvernement et du renseignement affirment que les négociations facilitées par les Nations Unies avec Moscou et Kyiv peinent toujours à progresser. La crise a déclenché une course aux imprévus pour faire sortir le grain d’Ukraine par des itinéraires alternatifs à travers l’Europe avant l’arrivée de la prochaine récolte. La Russie a également réduit davantage ses expéditions de gaz naturel dans une démarche considérée comme utilisant ses sources d’énergie comme une arme.
Statistiques : Aujourd’hui (à venir)
Les données à venir incluent l’IPC de l’Italie et le chômage des Pays-Bas. Les revenus incluent GB Group et Halma, ainsi qu’une mise à jour des ventes pour Boohoo et les chiffres du trafic de mai pour ADP. La FIFA, l’instance dirigeante du football international, annonce les villes hôtes de la Coupe du monde 2026.
Deux banques centrales sont à l’ordre du jour : la Banque Nationale Suisse (BNS) et la Banque d’Angleterre (BoE). Il y a une faible probabilité que la BNS décide d’augmenter son taux directeur de 25 points de base dès cette semaine (le portant à -0,50% contre -0,75%). Depuis plusieurs semaines, les autorités de la banque centrale ont fait part de leur inquiétude à propos de la dynamique d’inflation (l’indice des prix à la consommation a atteint 2,9% sur un an en mai – c’est comparativement bas mais cela s’explique par le fait que beaucoup de prix sont encore réglementés en Suisse). Une hausse du taux directeur ferait sens puisque la politique monétaire de la BNS suit de près celle de la BCE. La réunion de la BoE soulève moins d’incertitudes. Une hausse du taux directeur à 1,25% contre 1,0% actuellement est acquise. Beaucoup de membres du Comité de politique monétaire sont préoccupés par le ralentissement de la croissance. Mais il est trop tôt pour arrêter le cycle de durcissement des taux. La perspective d’une hausse des taux est déjà intégrée dans les cours du GBP (aucun impact majeur à prévoir).
0 commentaires